Apport de l’imagerie 3D pour l’exploration du pelvis féminin

Imagerie pelvienne - Institut de Radiologie de Paris

Apport de l’imagerie 3D pour l’exploration du pelvis féminin

Par le Dr Sophie Grivaud

L’échographie pelvienne est l’examen de première intention des organes génitaux féminins du fait de sa facilité d’accès par rapport à l’IRM et de son innocuité.

Cet examen se réalise par voie endovaginale avec des sondes spécifiques préalablement nettoyées et désinfectées à l’IRP par la technique de stérilisation au plasma froid, avant chaque examen.

L’analyse 3D vient compléter l’exploration standard en deux dimensions.

L’organe cible est placé au centre de l’écran, orienté dans son grand axe (par exemple, l’utérus en coupe sagittale), avec optimisation de la profondeur. On positionne ensuite la fenêtre d’acquisition 3D avec réglage manuel de la taille du cadre. L’acquisition volumique se fait alors, patiente en apnée pour quelques secondes et main de l’examinateur immobile, afin d’éviter les artefacts de mouvement.

Cette technique permet une reconstruction 3D (par l’addition de plans 2D) dans tous les plans et orientations souhaités dépassant les limites anatomiques rencontrées en échographie bidimensionnelle.

Ainsi, l’analyse des organes pelviens (vessie, utérus, ovaires) se voit facilitée et affinée à travers l’exploration d’images reconstruites dans des plans d’intérêt. En particulier pour l’utérus, cette reconstruction est faite dans le plan frontal (1,2) (image 1) qui est difficilement accessible en imagerie 2D, afin notamment de mieux explorer la cavité et les contours de l’utérus dans son ensemble.

Cette technique peut également être couplée au mode Doppler dans le but d’analyser dans le même temps la vascularisation de l’organe.

Ses apports sont multiples (3) et reconnus que ce soit dans le cadre d’un bilan d’infertilité (4), de méno-métrorragies (saignements), de douleurs pelviennes chroniques ou pour le contrôle de la position d’un dispositif intra-utérin (stérilet) :

– Détection et caractérisation des variantes anatomiques utérines (images 2 et 4)

– Exploration de la cavité utérine et de sa muqueuse, notamment à la recherche de pathologie de l’endomètre (polype, hypertrophie) (4) (image 3)

– Cartographie précise des myomes utérins pour leur surveillance ou leur prise en charge ultérieure

– Diagnostic et évaluation de l’extension en profondeur d’une adénomyose (image 4)

– Contrôle de la position d’un dispositif intra-utérin (stérilet), notamment en cas de malpositions (5). L’analyse 3D permet de visualiser l’orientation du stérilet au sein de la cavité reconstruite dans son grand axe frontal (image 5) et également de repérer ses fils.

– Annexes (trompes, ovaires) : comptage folliculaire, ovaires micropolykystiques (6) (image 6), exploration des masses annexielles (exemple de l’endométriose ovarienne ou du kyste fonctionnel hémorragique) (image 7)

Il existe en effet plusieurs techniques de post-traitement de l’acquisition volumique :

– un logiciel de comptage des follicules (image 6)

– un logiciel de calcul volumique automatique

– des vues multiplanaires centrées sur une zone d’intérêt (image 3)

– des coupes multiples sériées (images 2 et 7) qui reproduisent ainsi l’imagerie en coupe de type scanner ou IRM en permettant de se déplacer dans un volume

– imagerie en contraste de volume avec différentes épaisseurs de coupe pour, par exemple, mieux mettre en évidence une anomalie dans la cavité utérine comme un polype de la muqueuse (image 3)

– la réalisation de vidéos en mode ciné dans un plan linéaire choisi ou curviligne

Grâce à toutes ces images nous transmettons une iconographie qualitative et explicite au médecin prescripteur permettant une prise en charge optimale de nos patients.

Toutes ces données sont ensuite stockées dans notre base et peuvent être relues et analysées à distance.

Ainsi à l’IRP, grâce à l’équipement d’appareils à la pointe de la technologie actuelle, nos opérateurs expérimentés sont au service du patient pour réaliser cette technique en routine et adaptée à ses besoins.

Image 1 – Reconstruction de l’utérus en coupe frontale avec la muqueuse endométriale hyperéchogène (blanche au centre) de morphologie normale.

 

Image 2 – Images multiples sériées d’une variante anatomique : utérus cloisonné total (avec 2 cavités)

 

Image 3 – Adénomyose au sein d’un utérus cloisonné en coupes frontales

Image 4 – Vue multiplanaire d’un polype endométrial endocavitaire hyperéchogène (au centre de l’image)

Image 5 – Reconstruction frontale de l’utérus – Stérilet bien positionné dans la cavité utérine

Image 6 – Logiciel de comptage folliculaire analysant un ovaire micropolykystique

Image 7 – Coupes multiples sériées (TUI) d’un kyste fonctionnel hémorragique ovarien

Bibliographie :

1) Benacerraf BR Three-Dimensional Volume Imaging in Gynecology. Obstet Gynecol Clin N Am 2019 Dec;46(4):755-781.

2) Andreotti RFFleischer AC Practical applications of 3D sonography in gynecologic imaging. Radiol Clin North Am. 2014 Nov;52(6):1201-13.

3) Armstrong L1Fleischer AAndreotti R. Three-dimensional volumetric sonography in gynecology: an overview of clinical applications. Radiol Clin North Am. 2013 Nov;51(6):1035-47

4) Ni J1Han B1Liang J1Wang F1 Three dimensional 3D ultrasound combined with power Doppler for the differential diagnosis of endometrial lesions among infertile women. Int J Gynaecol Obstet. 2019 May;145(2):212-218.
5) Chen XY1Guo QY2Wang W2Huang LL3 Three-dimensional ultrasonography versus two-dimensional ultrasonography for the diagnosis of intrauterine device malposition. Int J Gynaecol Obstet.
 2015 Feb;128(2):157-9.

6) Lam P, Raine-Fenning N, Cheung L, Haines C. Three-dimensional ultrasound features of the polycystic ovary in Chinese women. Ultrasound Obstet Gynecol. 2009 Aug;34(2):196-200.